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11 août 2019 7 11 /08 /août /2019 18:42

 

« LAUGAVEGUR

Un concentré d’Islande qui mène le randonneur depuis les terres multicolores du Landmannalaugar jusqu’aux fantastiques glaciers de Thorsmörk, en passant, chemin faisant, aux abords de fumerolles, de sculptures basaltiques et de rivières chaudes »

disait notre Bible, Randos autour du monde par Lonely planet.

2019. Trek du Laugavegur

2019. Trek du Laugavegur

Cela faisait très longtemps que je rêvais d’aller en Islande, alors quand j’ai réalisé qu’il y avait un magnifique trek à y faire, je n’ai plus hésité. Et quand j’ai proposé à Céline, elle n’a pas hésité non plus. On avait encore en tête la superbe Route de la pierre sèche réalisée en avril, et on en redemandait. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvées à acheter des billets pour l’Islande et un équipement de rando un peu plus costaud que celui que nous avions. Heureusement d’ailleurs, car un bon équipement, notamment pour la pluie, permet de randonner plus sereinement dans ce pays à la météo ultra-changeante.

L'équipe - Crédit photo Céline Piot

 

24 juin 2019 : prologue

 

L’embarquement à Bâle s’annonçait mal. Pour information, vous saurez qu’Easyjet n’autorise pas que vos piolets (apparemment c’est ainsi qu’on appelle les bâtons de marche) dépassent de votre sac. Ils doivent y rentrer entièrement, sous peine d’être relégués en hors-format avec un supplément de 8 € (oui, 8 € les 500 grammes. On se fait avoir une fois mais pas deux).

 

Nous atterrissons à l’aéroport international de Keflavik et prenons le flybus, que nous n’avions pas pris la peine de réserver. Ce n’était d’ailleurs pas nécessaire, il y avait plein de places. Ce qui aurait été plus intelligent, ç’aurait été de vérifier les tarifs. On se serait ainsi rendu compte que le billet coûtait plus cher au-delà du terminal BSI et on serait descendues plus tôt. Tant pis. Le point positif, c’est que le bus nous dépose au pied de notre hébergement.

Nous avons deux lits dans le dortoir de Hlemmur Square, qui nous plait beaucoup. La déco du rez-de-chaussée est sympa, il y a des casiers dans les chambres et nos voisins de lits sont très discrets.

On ne s’attarde pas et on file à l’Harpa Concert Hall. C’est de là que partira notre bus demain et on veut vérifier le trajet, histoire d’être sûres de ne pas le louper. La promenade le long de la mer est très chouette, et l’Harpa est impressionnante.

Harpa Concert Hall

L’accueil de la compagnie de bus reste ouvert tard, et nous en profitons pour vérifier notre réservation. La dame nous délivre notre Highland hikers passport, que nous avions pris soin, pour le coup, de réserver à l’avance sur Sternatravel ! Celui-ci permet un aller de Reykjavik vers l’un des trois points de départ des grandes randonnées et un retour depuis l’un des points d’arrivée de randonnée vers Reykjavik, plutôt pratique. C’est 13 900 kr, soit environ 100 €/personne. Ça paraît cher, mais qu’on se le dise dès le départ : tout est cher.

 

Il fait encore grand jour quand on se rend compte qu’il est 21h30-22h. Et oui, il va falloir s’habituer à l’absence de nuit !  On mange rapidement dans un petit fast-food et on retourne au dortoir. Ce n’est pas le tout, mais demain on se lève tôt, et il va nous falloir des forces pour les jours à venir !

 

25 juin 2019 : étape 1 : Landmannalaugar – Hrafntinnusker

 

Je ne sais plus à quelle heure exactement le réveil sonne, mais ce qui est sûr, c’est que le bus est à 7h15. On quitte très vite Hlemmur Square avec nos maisons sur le dos : fringues, bâtons, 4 jours de bouffe (autonomie alimentaire oblige), petite pharmacie, Les Tommyknockers (de Stephen King) et qui sait quoi d’autre -je ne pense pas que le contenu précis de nos sacs soit intéressant à détailler ici. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’ils doivent peser autour de 13kg, peut-être même 15.

 

Le bus est à l’heure, on embarque. On prend notre petit-dèj’, puis on regarde le paysage. La route est longue, l’arrivée est prévue à midi. On a tout le temps de se demander comment va être le parcours, s’il sera bien balisé, si notre ersatz de carte et la boussole téléchargée à l’arrache sur le téléphone seront suffisantes, si, si… Et puis, on a tout le temps de s’émerveiller, déjà, de ce paysage qui se transforme sous nos yeux, se dépouillant complètement du peu de verdure, de buissons et de fleurs qu’il arborait pour ne laisser, semble-t-il, qu’une terre sombre.

25.06.2019. Vers Landmannalaugar

25.06.2019. Vers Landmannalaugar

Le bus arrive sur place avec une heure d’avance, au point que l’on se demande si l’on est vraiment au terminus ou pas. Mais oui, c’est bien ça. Landmannalaugar. On y est.

 

Début du trek du Laugavegur

Il fait froid et il y a du vent. On se réfugie sous la grande tente le temps de manger notre pique-nique. Au départ, l’idée était de passer une première journée ici, à marcher dans les environs. Mais nous nous y sommes prises « tard » pour réserver les refuges et nous n’avons pas pu avoir de nuité dans celui-ci. « Tard », cela signifie que nous avons contacté Ferðafélag Íslands, qui gère les refuges, en janvier (pour juin) et qu’il restait déjà peu de disponibilités.

A peine arrivée sur place, nous allons donc devoir partir.

 

Céline réussit à passer aux toilettes l’air de rien. Moi je n’ai pas la même chance : on me demande 500 kr (≈ 3,60 €). Ça m’ennuie prodigieusement de payer, je reporte donc mon passage aux toilettes à un moment ultérieur.

Et nous partons. Nous partons gagner nos gallons de grandes randonneuses sur le trek du Laugavegur.

 

Une brève grimpette nous permet de prendre un peu de hauteur et d’admirer le camp de Landmannalaugar, les refuges en dur, les petites tentes des courageux campeurs et les quelques véhicules, nichés là, au milieu de couleurs incroyables !

25.06.2019. Landmannalaugar - Vue sur le refuge

25.06.2019. Landmannalaugar - Vue sur le refuge

Landmannalaugar

 

Puis nous traversons un champ de lave, émerveillées par ces formes et ces textures que l’on ne voit pas chez nous.

L’essoufflement s’invite très vite à nos côtés, parce que ça monte bien, et longtemps, et parce qu’on pèse au moins 10 kg de plus que d’habitude ! Mais il ne remplace pas l’émerveillement, parce que plus on grimpe et plus c’est beau : le champ de lave que l’on vient de traverser, on le voit maintenant du dessus, et autour de nous, quelques plaques de neige viennent donner une autre dimension aux reliefs.

25.06.2019 - Trek du Laugavegur

25.06.2019 - Trek du Laugavegur

Nous continuons notre progression jusqu’à longer des crêtes. Elles semblent si hautes qu’un nuage s’y est accroché, et nous marchons au travers. Le passage est étroit et très venteux. Nous sommes bien contentes d’avoir nos bâtons (8€ - 500g) pour nous stabiliser.

De l’autre côté des crêtes, nous sommes confrontées à notre première grosse plaque de neige. Le nuage s’avère être du brouillard dont on ne sort pas vraiment. Il s’épaissit, au contraire. Les plaques de neige sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus grandes. Marcher devient un peu compliqué, mais ce qui nous inquiète surtout, c’est qu’on a de plus en plus de mal à voir les piquets qui balisent le chemin. La visibilité se réduit, l’atmosphère est de plus en plus sombre. Finalement, il y a quand même une sorte de nuit l’été dans ce pays, mais elle n’est pas liée à la rotation de la Terre : c’est une nuit de blizzard.

La neige est partout, le vent souffle toujours et plaque les gouttelettes de brouillards sur nos vêtements. On ne s’était pas rendues compte à quel point on était trempées ! Tant qu’on marche, on n’a pas trop froid, mais… mais où marche-t-on ?

Nous ne voyons plus le piquet suivant. On s’avance, prudemment, en gardant toujours à portée de vue le dernier piquet croisé : à défaut d’aller de l’avant, il faut au moins être sûres de pouvoir revenir en arrière ! Parce que là, il y a vraiment un risque de se perdre au milieu de nulle part ! On s’accroche à tous types d’indices : traces de pas dans la neige, trognon de pomme, silhouettes de marcheurs qui arrivent en sens inverse. De temps en temps on croise un piquet, rassurant. Moins rassurante est la stèle dédiée au randonneur égaré et décédé dans des conditions climatiques un peu similaires à celles d’aujourd’hui.

 

Il y a assez peu de suspens, parce qu’on se doute bien que si je rédige ce paragraphe, c’est qu’on a fini par arriver. Mais soyons honnêtes : on s’est quand même fait un peu peur. Le brouillard était tellement épais que nous n’avons vu le refuge (salvateur !) de Hrafntinnusker qu’au moment où nous avons eu le nez dessus. Comme dit Céline : « on voit que la marche a été très difficile, nous n’avons pris aucune photo ».

 

Refuge de Hrafntinnusker

Trempées, crevées, mais très soulagées, nous passons par l’accueil, puis allons découvrir les lieux. Il n’y a pas de douches à Hrafntinnusker, juste des lavabos et des toilettes. Pas de poubelles non plus, il faut remmener ses déchets. Par contre, la cuisine est bien équipée, il y a de l’eau bouillante et de quoi cuisiner. Il y a beaucoup de monde, mais cela réchauffe l’atmosphère et c’est plutôt agréable.

Sauf quand on découvre les conditions de couchage… De surprise, on reste une seconde bloquées en haut de l’escalier, sur le palier du 1er étage. A côté de la rampe trône une pile de petits matelas, que chez moi on appelle avec une certaine affection « crêpes ». Il s’agit d’en prendre un et d’aller le poser par terre où bon vous semble. Sauf que le « où bon vous semble » est extrêmement limité quand toute la pièce est déjà blindée de matelas-crêpes et d’énormes sacs de rando. Bon gré mal gré, on se fait une petite place.

Le trio - Crédit photo Céline Piot

 

Pendant qu’elle s’installe, Céline discute avec sa voisine de crêpe. Elle s’appelle Rachel et elle fait le trek toute seule. On mange ensemble, on se raconte la journée (c’est facile, elle est française) et elle nous explique comme elle s’est fait peur elle-aussi dans le blizzard. On compatit et on lui propose de poursuivre avec nous. C’est assez simplement que notre duo devient trio.

 

Compteur : 12km. Mais au moins 24 ressentis !

A 21h tout le monde est couché, et quand j’écris « tout le monde », je ne parle pas de Céline, Rachel et moi, mais de tout le dortoir. Et encore, pour ceux qui ont tenu jusqu’à cette heure tardive !

 

26 juin 2019 : étape 2 : Hrafntinnusker – Alftavatn

 

En étant couchées à 21h la veille, on se réveille tôt, on mange, on se brosse les dents et on part. Cette mini-série d’actions semble rapide comme ça, mais en vrai Céline et moi mettrons toujours des plombes à être prêtes, et Rachel sera toujours à nous attendre patiemment. Je crois que j’ai un problème d’efficacité pour ranger mon sac : c’était déjà le cas il y a 6 ans lors du Besac-Buda à vélo, et apparemment ça n’a pas changé.

 

Au moment où nous quittons le refuge, il y a un peu moins de brouillard que la veille et on y voit à peu près, suffisamment en tout cas pour suivre nos piquets retrouvés. Et comme ç’aurait été dommage de passer à côté de ça sans le voir !

26.06.2019. En partant du refuge de Hrafntinnusker

26.06.2019. En partant du refuge de Hrafntinnusker

On ne peut pas s’empêcher de se demander ce qu’on a manqué hier.

On avance toujours essentiellement sur des plaques de neige, une nouvelle fois bien contentes d’avoir nos bâtons (8€ - 500g).

26.06.2019. Trek du Laugavegur

26.06.2019. Trek du Laugavegur

Très vite, la visibilité devient à nouveau aléatoire, selon les passages nuageux et le vent. Il y a encore des endroits où l’on ne voit pas les piquets, mais contrairement à hier, aujourd’hui il suffit d’attendre quelques minutes pour que le brouillard se dissipe et que l’on voit au moins à trois piquets de distance. On s’y précipite, parce qu’ils redisparaissent aussi vite qu’ils sont apparus !

Quand on préparait le trek et qu’on lisait que les changements de météo pouvaient être brusques, on comprenait le principe, mais on n’avait absolument pas conscience de la vitesse à laquelle cela pouvait se produire. Pour en donner une idée, et promis, sans exagération :  Céline s’arrête pour prendre une photo du paysage. Le temps qu’elle sorte le téléphone, le brouillard a déjà caché le paysage en question, et il ne reste que du gris-blanc sur la photo.

 

Nous avons cependant de la chance : la visibilité est bonne au moment où nous arrivons au point de vue sur le lac. L’image est magnifique ! (ok, pas sur ma photo, mais essayez d'imaginer)

26.06.2019. Vue sur le lac d'Alftavatn

26.06.2019. Vue sur le lac d'Alftavatn

D’ailleurs, pas mal de randonneurs que le brouillard nous avait cachés sont arrêtés dans le coin pour profiter du paysage. En avançant un petit peu, nous réalisons que tout ce petit monde n’est pas arrêté là uniquement pour admirer la vue, mais parce que c’est aussi le premier déchaussage…

On était prévenues -il y a des rivières à traverser à gué- et on s’est équipées en conséquence -une paire de pompes dédiée uniquement à cet effet. Pour cette première fois, le passage est court et peu profond. L’eau est froide, mais comme on y reste très peu de temps, c’est supportable.

Un peu plus tard arrive le 2ème déchaussage. Là, la rivière est plus large et le courant un peu plus important. On a donc tout le loisir d’apprécier la température de l’eau, revigorante.

Au moment où l’on rechausse, il commence à pleuvoir. Notre expérience du jour 1 nous rappelle que quand on est menacé de 3 gouttes, il faut s’équiper rapidement : l’averse n’est pas loin, ou la brume très humide, ou le brouillard qui mouille tout.

26.06.2019. Refuge d'Alftavatn

26.06.2019. Refuge d'Alftavatn

La première chose que l’on voit en arrivant au refuge d’Alftavatn est un bâtiment sur lequel est écrit « BAR ». Il pleut assez fort quand nous entrons dans le chalet. C’est inattendu, mais nous sommes parmi les premiers arrivés. Nous pouvons donc choisir nos places dans le dortoir. Ce sont deux rangées de vrais lits, collés les uns aux autres comme s’il s’agissait d’un unique matelas pour 8-10 personnes.

On mange pour se réchauffer puis, comme la pluie s’arrête, Céline et moi repartons faire un tour vers le lac. Après tout, on est à peine en milieu d’après-midi, on ne va pas rester enfermées. On apprendra plus tard qu’il est possible de réaliser le tour du lac en 2h, mais nous, évidemment, on s’est loupées.

26.06.2019. Lac d'Alftavatn

26.06.2019. Lac d'Alftavatn

Compteur : 12km sur le trek

+ balade le long du lac

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La route hors du monde - partie 3 - Au bout du chemin

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